mercredi 2 janvier 2013

Toko Kawai : le génie versatil.


Eh bien… j’ai l’impression que cela fait une éternité que je n’ai pas écrit d’article à cause de la fac. Mais passons, ce sont les « vacances » de noël et je compte bien en profiter pour continuer de vous faire partager mes bonnes lectures !


Aujourd’hui je vais vous parler de ma seconde mangaka préférée, la dénommée Toko Kawai. Auteur à succès, elle enchaine les publications depuis la parution de Juste au coin de la Rue paru au Japon en 2007 et en France depuis déjà un bon moment (je vous le conseille d’ailleurs !). La recette de cette mangaka est simple : des personnages super attachants, un dessin fluide et minutieux, des histoires toujours simples mais captivantes, une sensibilité mais également un côté explicite assez prononcé. Je l’ai connu avec Juste au Coin de la Rue et je l’ai tout de suite repérée en me disant : Oh ! Ca c’est du bon ! Il est rare franchement que je m’attache à une mangaka après un one shot mais son style à un quelque chose de réellement unique et fascinant. 


Premier point positif : Les personnages. Je les adore tout simplement ! Ils ne sont jamais décevants, jamais. Alors oui, on pourrait dire qu’ils ont un côté redondant mais il faut l’avouer, le cocktail grand brun ténébreux aux épaules larges + jeune blond fier et masculin ça rend addict.
Encore une fois, la nana pointilleuse que je suis fais son comeback et chipote sur les uke/seme. Sachez le mes amis, au moins avec elle, vous ne serez jamais déçus. Nous avons deux HOMMES, de VRAIS HOMMES. Ce ne sont pas ces choses étranges et frêles que l’on peut retrouver chez certaines mangaka et qui m’ont parfois donné des sueurs froides. 


Deuxième point positif : 
L’expression des passions. Non je ne parle pas de peinture européenne du 17ème mais bien de yaoi. Et là nous en avons de belles expressions, des regards profonds, des visages torturés, des sourires ravageurs, etc etc et j’en passe. Vous avez déjà ressenti ça ? Quand on rentre totalement dans un manga, comme à la douce époque où nous avions 12 ans et qu’on lisait des shojo dégoulinants de niaiserie. Attention ! Je lis encore de très bons shojos et je ne critique pas cette catégorie de manga ! Je dis juste qu’ils ne sont pas aisément trouvables. Bref, cette impression bizarre d’être tellement fascinée par ce que l’on lis que l’on ressentirait presque les même émotions que les personnages, l’impression que le temps s’est arrêté le temps d’une lecture… vous voyez ? Toko Kawai fait cet effet.

3ème point positif : une subtilité élégante. Eh oui ! Ne vous attendez pas à des scènes de sexe chaudes et super explicites en format paysage avec elle. Je dirais, qu’elle décrit moins qu’Hinako Takanaga c’est évident, mais on ne reste pas non plus avide d’une suite. Elle sait doser. On est parfois à la limite du shonen ai mais on tombe quand même dans un véritable yaoi à la fin. Les sentiments des personnages se développent petit à petit, lentement, progressivement, sans presse. Ils ne tombent pas amoureux de suite (exception faite, coup de foudre dans Irrésistible Ivresse), ils deviennent doucement conscients de leur attachement au fil des pages. Toko Kawai donne un côté très réaliste à ses créations de par sa volonté de ne pas conclure tout de suite la relation de ses héros et en leur donnant assez de temps pour se torturer l’esprit.


4ème point positif : le simple fait qu’à chaque fin de tome (car oui Toko Kawai n’a jamais réalisé de très longues séries) l’envie insupportable de lire une suite nous prend. Ses écrits sont marqués par une réelle beauté et une grande profondeur des sentiments croisée avec une note amusante, en passant par une belle illustration du désir. Rajoutons à cela, je sais ça fait pingre mais je suis étudiante, c’est la crise et j’ai un voyage en Corée à payer, que les tomes ne font pas 20mm d’épaisseur. Je ne vise personne bien sur (Asuka Bonjour !) mais ça fait toujours plaisir de dépenser une belle somme pour un bon gros yaoi.

Bien, ma longue apologie est finie, tenez le coup je rentre dans le vif du sujet dans l’article qui suit ! 

Toko Kawai : le génie versatil (suite!)


Je possède chez moi 4 de ses créations : Juste au Coin de la Rue, Love Holic (2 tomes), Irrésistible Ivresse (2 tomes en cours) et In the Walnuts (3 tomes en cours).
J’ai commencé Irrésistible Ivresse et Love Holic, suite à mon coup de foudre pour Toko kawai dans Juste au coin de la rue, et j’ai été très loin d’être déçue. Je vais être concise, les 3 valent le coup d’être lu et achetés. Bien sur, le préconise les collections plutôt que les one shot, étant donné que les personnages ont tendance à se développer plus lentement rendant la lecture mille fois plus intéressante.

Love Holic nous expose la relation bien particulière établie entre un photographe talentueux et caractériel nommé Nishioka et l’élégant responsable de pub Matsukawa. Les deux hommes travaillent ensemble sur des projets variés, s’aidant mutuellement et pourtant aucune relation particulièrement privilégiée ne semble s’établir en eux. En effet, le génie de la photo et le très guindé publicitaire paraissent, malgré leur entraide mutuelle, nouer une relation basée sur la dispute et l’affrontement. Jusqu’ici, on pourrait dire que leur relation ne se limite qu’au travail n’est ce pas ? Elément déclencheur ! Après de nombreux obstacles liés au travail, Nishioka se retrouve un soir, seul dans son atelier perdu, allongé au sol au milieu de centaines de photos de son « petit Dai » comme il l’appelle. Surpris dans sa solitude par son alter égo ténébreux, leur relation prend une tourne rapidement différente et beaucoup plus intime…

Les caractères de Daisuke et de Nishioka sortent un peu de l’ordinaire, dans la mesure où ce dernier est bien plus rebelle et fort que ce que l’on pourrait croire ... tout en cachant ses faiblesses sous un masque souriant et avenant. Il est à la fois timide et entreprenant, discret et bruyant, heureux et triste. Daisuke quant à lui, de par son élégance, son charme froid presque mystérieux  et son attachement insistant pour le jeune photographe, nous envoute totalement.
Le dessin évolue nettement du 1er au 2ème tome. Subtil et poétique, il est mis en valeur par des arrières plans sommaires. Donnant peu de détails, que ce soit sur les corps ou les arrières plans, Toko Kawai simplifie son dessin et prête plus d’importance au ressenti des sentiments et à l’atmosphère riche en émotion qui émane de son œuvre.

On pourrait juger l’ensemble graphiquement un peu vieillot et épuré. Peut être est-ce en raison de sa date de parution. Car oui, mine de rien, Love Holic fut paru en 2001 au Japon. Si l’on compare deux secondes Love Holic et Irrésistible Ivresse, le dessin n’a rien à voir. Néanmoins, Irrésistible Ivresse est basé sur le même principe de l’arrière plan basique, sans fioriture, permettant ainsi à l’attention du lecteur de se fixer sur les protagonistes. Par ailleurs, les expressions sont beaucoup plus exacerbées. Elles sont poussées à leur paroxysme et sont plus détaillées, plus vivantes, plus intenses.

Mais passons, il s’agit maintenant de l’histoire de Mutsuki Haruna, un commercial sérieux et assidu envoyé en mission dans une brasserie productrice de saké dont le patron est, selon la rumeur, terrifiant et intransigeant. Haruna décide de se jeter (terrorisé) corps et âme dans cette nouvelle mission et se heurte très vite, non pas au célèbre patron mais à son petit fils dont il tombe irrémédiablement amoureux au premier regard. 
Le jeune homme à l’aura envoutante semble apparemment aider son grand père et sa sœur dans l’entreprise familiale de manière occasionnelle. Quoi qu’il en soit, Haruna conplètement désarmé en présence de ce dernier, décide de ne pas abandonner et essaie de se lier au mieux au jeune homme peu avenant. Malgré les représailles du grand père qui refuse toutes les offres de la société d’Haruna, une belle relation née entre les deux hommes. Aillant la capacité de tout encaisser et de ne jamais abdiquer, il revient tous les jours dans l’espoir de faire fléchir le patron et en même temps, dans l’intention secrète (ou pas) de voir le visage de celui qu’il aime.

Même schéma, une progression très douce des émotions chez les deux personnages. Haruna apparaît comme un homme direct, franc, honnête, volontaire et souvent optimiste alors qu’à son opposé ce situe Shusaku, froid, distant, et taciturne. Dans le premier tome l’histoire s’installe, tout se met en place petit à petit sans précipitation. Le petit fils du propriétaire retissant à toute relation amoureuse ne se jette pas dans les bras du commercial de suite, bien au contraire. Par ailleurs, j’ai particulièrement apprécie les personnages secondaires comme la mignonne petite sœur ou le grand père râleur mais attachant, qui apportent une touche de légèreté, de douceur et d’humour à la narration. Autre chose également appréciable : la description de l’univers traditionnel de la fabrication de saké qui va donner un côté authentique au récit.


Dernier yaoi traité ici, et la principale raison pour laquelle je me suis motivée à écrire cet article : le nouvellement paru en France, In The Walnut. Après le monde de la publicité et de l’alcool, c’est à l’Art que s’attaque la grande mangaka.
Elle nous dépeint cette fois ci une relation presque inexistante entre un galeriste séduisant, brillant mais insensible et un jeune réalisateur naïf. Amoureux des œuvres d’art, Hideo Tanizaki hérite de son grand père, une petite galerie dans laquelle il se donne corps et âme, usant même parfois de procédés pas vraiment légaux et se trouvant souvent mêlé à des affaires troubles. On découvre également au passage  le 2ème protagoniste principal de cette série, Sôhei Nakai, un jeune garçon bout en train, naïf, bon vivant et éperdument amoureux du galeriste qu’il trouve si beau et si extraordinairement photogénique. Sorti de la même école d’art que son modèle, Nakai tombe artistiquement sous son charme, au point qu’il refuse de filmer tout autre personne que lui. Finalement, il assistera Tanizaki dans ses magouilles douteuses et deviendra un allié, un ami et un amant fidèle.

BIEN. Maintenant que je vous ait raconté globalement de quoi il s’agit, il est temps que je vous explique à quel point sa lecture m’a outrée. Avant toute chose, il faut savoir que je suis principalement une grande adepte d’Hinako Takanaga et de Toko Kawai. Néanmoins, cela ne m’empêche pas d’aimer d’autres mangaka beaucoup moins connues. 
Aillant lu quelque part qu’une nouvelle collection de son cru allait être licenciée en France, j’ai immédiatement sauté sur l’occasion.
QUELLE DECEPTION ! Je m’explique. On commence par découvrir les protagonistes, leur activité, leur « relation », etc. Tout est d’une lenteur incroyable comme d’habitude, l’histoire se déroule tout en douceur et en subtilité, la relation entre les protagonistes semble commencer à prendre un tournure plus passionnée et là…. RIEN. Bon d’accord je suis dure, le premier tome contient des PETITES scènes qui pourrait témoigner (ou pas) qu’on lit bien un yaoi. Donc jusque là très bien, le tome 1 met tout en place. Nakai et Tanizaki commencent à entretenir une relation assez sympathique et bossent ensemble à la galerie. Et là, on achète le tome 2. Tiens donc, très étrange... les scènes « d’amour » commencent à disparaître. Tome 3 plus rien. 

Bon très bien avant que vous me preniez pour une fille pointilleuse doublée d’une perverse je vous arrête là. Vous voyez le petit carré rose inscrit sur la couverture ? YAOI ? QUELLE BLAGUE ! Arrêtons deux minutes, il ne s’agit ni d’un yaoi, ni d’un yaoi blue, ni d’un shenen, ni d’un shonen ai. Et si je suis encore plus dure, ni d’un shojo, ni d’un shonen ni de rien du tout ! Ce manga, du moins surtout à partir du tome 3 se situe Hors Catégorie. Mais que c’est il passé dans la tête de Toko Kawai pour nous pondre un truc pareil ? Je suis amoureuse de sa subtilité, de son côté doux, sentimental et terre à terre, son dessin agréable, expressif, et j’en passe. Mais qu’est ce que ceci sérieusement ? Comment peut on considérer un manga comme « yaoi » (et au passage le vendre à un prix déraisonnable) si AUCUNE, oui vous avez bien lu, AUCUNE relation n’existe entre les personnages?On pourrait presque dire que In the Walnut est caractérisé par une dégression progressive dans l’expression des sentiments et tout simplement dans la représentation de la relation entre les personnages, qui semblait pourtant si bien partie au début. On aboutit à un tome 3 aujourd’hui paru en France, absolument vide de sens.
Sachez le, étant étudiante en Histoire de l’Art, j’apprécie énormément la trame de ce manga. Je le trouve intellectuellement enrichissant et intéressant. Cependant, d’un point de vue d’une amatrice de yaoi, je suis choquée par sa nullité.  
Je suis méchante je sais, mais malheureusement tellement réaliste. J’aime Toko Kawai, j’adore ce qu’elle écrit. Elle est inventive, amusante, passionnée, tout cela se ressent dans ses œuvres. Je l’ai acheté sans hésitation et à l’aveuglette en me disant «  Oh une série ! Et du Toko Kawai en plus! ». Eh bien… je suis atrocement déçue.   Sérieusement… TAIFU COMICS UN PEU DE PROFESSIONALISME METTEZ CE MANGA DANS UNE AUTRE CATEGORIE !!

Pour conclure tout ceci : comme vous l’avez bien compris, Toko Kawai est une auteur de génie. Cependant, si vous voulez lire un bon yaoi, NE LE LISEZ PAS ! Si vous souhaitez néanmoins le feuilleter par curiosité et sans aucune attente particulière, je vous le conseille rien que pour l’ambiance et le dessin si propre à l’auteur.