Je possède chez moi
4 de ses créations : Juste au Coin de la Rue, Love Holic (2 tomes),
Irrésistible Ivresse (2 tomes en cours) et In the Walnuts (3 tomes en cours).
J’ai commencé
Irrésistible Ivresse et Love Holic, suite à mon coup de foudre pour Toko kawai
dans Juste au coin de la rue, et j’ai été très loin d’être déçue. Je vais être
concise, les 3 valent le coup d’être lu et achetés. Bien sur, le préconise les
collections plutôt que les one shot, étant donné que les personnages ont
tendance à se développer plus lentement rendant la lecture mille fois plus
intéressante.
Love Holic nous expose la
relation bien particulière établie entre un photographe talentueux et
caractériel nommé Nishioka et l’élégant responsable de pub Matsukawa. Les deux
hommes travaillent ensemble sur des projets variés, s’aidant mutuellement et
pourtant aucune relation particulièrement privilégiée ne semble s’établir en
eux. En effet, le génie de la photo et le très guindé publicitaire paraissent,
malgré leur entraide mutuelle, nouer une relation basée sur la dispute et
l’affrontement. Jusqu’ici, on pourrait dire que leur relation ne se limite
qu’au travail n’est ce pas ? Elément déclencheur ! Après de nombreux
obstacles liés au travail, Nishioka se retrouve un soir, seul dans son atelier
perdu, allongé au sol au milieu de centaines de photos de son « petit
Dai » comme il l’appelle. Surpris dans sa solitude par son alter égo
ténébreux, leur relation prend une tourne rapidement différente et beaucoup
plus intime…
Les caractères de
Daisuke et de Nishioka sortent un peu de l’ordinaire, dans la mesure où ce
dernier est bien plus rebelle et fort que ce que l’on pourrait croire ... tout
en cachant ses faiblesses sous un masque souriant et avenant. Il est à la fois
timide et entreprenant, discret et bruyant, heureux et triste. Daisuke quant à
lui, de par son élégance, son charme froid presque mystérieux et son attachement insistant pour le
jeune photographe, nous envoute totalement.
Le dessin évolue
nettement du 1er au 2ème tome. Subtil et poétique, il est
mis en valeur par des arrières plans sommaires. Donnant peu de détails, que ce
soit sur les corps ou les arrières plans, Toko Kawai simplifie son dessin et
prête plus d’importance au ressenti des sentiments et à l’atmosphère riche en
émotion qui émane de son œuvre.
On pourrait juger
l’ensemble graphiquement un peu vieillot et épuré. Peut être est-ce en
raison de sa date de parution. Car oui, mine de rien, Love Holic fut
paru en 2001 au Japon. Si l’on compare deux secondes Love Holic et Irrésistible
Ivresse, le dessin n’a rien à voir. Néanmoins, Irrésistible Ivresse est basé sur le même principe de l’arrière
plan basique, sans fioriture, permettant ainsi à l’attention du lecteur de se
fixer sur les protagonistes. Par ailleurs, les expressions sont beaucoup plus
exacerbées. Elles sont poussées à leur paroxysme et sont plus détaillées, plus
vivantes, plus intenses.
Mais passons, il
s’agit maintenant de l’histoire de Mutsuki Haruna, un commercial sérieux et
assidu envoyé en mission dans une brasserie productrice de saké dont le patron
est, selon la rumeur, terrifiant et intransigeant. Haruna décide de se jeter (terrorisé)
corps et âme dans cette nouvelle mission et se heurte très vite, non pas au
célèbre patron mais à son petit fils dont il tombe irrémédiablement amoureux au
premier regard.
Le jeune homme à l’aura envoutante semble apparemment aider son
grand père et sa sœur dans l’entreprise familiale de manière occasionnelle.
Quoi qu’il en soit, Haruna conplètement désarmé en présence de ce dernier, décide
de ne pas abandonner et essaie de se lier au mieux au jeune homme peu avenant. Malgré
les représailles du grand père qui refuse toutes les offres de la société
d’Haruna, une belle relation née entre les deux hommes. Aillant la capacité de tout encaisser
et de ne jamais abdiquer, il revient tous les jours dans l’espoir de faire
fléchir le patron et en même temps, dans l’intention secrète (ou pas) de voir
le visage de celui qu’il aime.
Même schéma, une
progression très douce des émotions chez les deux personnages. Haruna apparaît
comme un homme direct, franc, honnête, volontaire et souvent optimiste alors
qu’à son opposé ce situe Shusaku, froid, distant, et taciturne. Dans le premier
tome l’histoire s’installe, tout se met en place petit à petit sans
précipitation. Le petit fils du propriétaire retissant à toute relation
amoureuse ne se jette pas dans les bras du commercial de suite, bien au
contraire. Par ailleurs, j’ai particulièrement apprécie les personnages
secondaires comme la mignonne petite sœur ou le grand père râleur mais
attachant, qui apportent une touche de légèreté, de douceur et d’humour à la
narration. Autre chose également appréciable : la description de l’univers
traditionnel de la fabrication de saké qui va donner un côté authentique au
récit.
Dernier yaoi traité
ici, et la principale raison pour laquelle je me suis motivée à écrire cet
article : le nouvellement paru en France, In The Walnut. Après le monde de la publicité et de l’alcool, c’est
à l’Art que s’attaque la grande mangaka.
Elle nous dépeint
cette fois ci une relation presque inexistante entre un galeriste séduisant,
brillant mais insensible et un jeune réalisateur naïf. Amoureux des œuvres d’art,
Hideo Tanizaki hérite de son grand père, une petite galerie dans laquelle il se
donne corps et âme, usant même parfois de procédés pas vraiment légaux et se
trouvant souvent mêlé à des affaires troubles. On découvre également au
passage le 2ème protagoniste
principal de cette série, Sôhei Nakai, un jeune garçon bout en train, naïf, bon
vivant et éperdument amoureux du galeriste qu’il trouve si beau et si
extraordinairement photogénique. Sorti de la même école d’art que son modèle,
Nakai tombe artistiquement sous son charme, au point qu’il refuse de filmer tout autre personne que lui. Finalement, il assistera Tanizaki dans ses magouilles
douteuses et deviendra un allié, un ami et un amant fidèle.
BIEN. Maintenant
que je vous ait raconté globalement de quoi il s’agit, il est temps que je vous
explique à quel point sa lecture m’a outrée. Avant toute chose, il faut savoir
que je suis principalement une grande adepte d’Hinako Takanaga et de Toko
Kawai. Néanmoins, cela ne m’empêche pas d’aimer d’autres mangaka beaucoup moins
connues.
Aillant lu quelque part qu’une nouvelle collection de son cru allait
être licenciée en France, j’ai immédiatement sauté sur l’occasion.
QUELLE
DECEPTION ! Je m’explique. On commence par découvrir les protagonistes,
leur activité, leur « relation », etc. Tout est d’une lenteur
incroyable comme d’habitude, l’histoire se déroule tout en douceur et en
subtilité, la relation entre les protagonistes semble commencer à prendre un
tournure plus passionnée et là…. RIEN. Bon d’accord je suis dure, le premier
tome contient des PETITES scènes qui pourrait témoigner (ou pas) qu’on lit bien
un yaoi. Donc jusque là très bien, le tome 1 met tout en place. Nakai et
Tanizaki commencent à entretenir une relation assez sympathique et bossent
ensemble à la galerie. Et là, on achète le tome 2. Tiens donc, très étrange... les scènes « d’amour » commencent à disparaître. Tome 3 plus rien.
Bon très bien avant que vous me preniez pour une fille pointilleuse doublée
d’une perverse je vous arrête là. Vous voyez le petit carré rose inscrit sur la
couverture ? YAOI ? QUELLE BLAGUE ! Arrêtons deux minutes, il ne
s’agit ni d’un yaoi, ni d’un yaoi blue, ni d’un shenen, ni d’un shonen ai. Et
si je suis encore plus dure, ni d’un shojo, ni d’un shonen ni de rien du tout !
Ce manga, du moins surtout à partir du tome 3 se situe Hors Catégorie. Mais que
c’est il passé dans la tête de Toko Kawai pour nous pondre un truc
pareil ? Je suis amoureuse de sa subtilité, de son côté doux, sentimental et
terre à terre, son dessin agréable, expressif, et j’en passe. Mais qu’est ce que ceci
sérieusement ? Comment peut on considérer un manga comme
« yaoi » (et au passage le vendre à un prix déraisonnable) si AUCUNE, oui vous avez bien lu, AUCUNE relation n’existe entre
les personnages?On pourrait presque dire que In the Walnut est caractérisé par
une dégression progressive dans l’expression des sentiments et tout simplement dans la
représentation de la relation entre les personnages, qui semblait pourtant si
bien partie au début. On aboutit à un tome 3 aujourd’hui paru en France, absolument
vide de sens.
Sachez le, étant étudiante en Histoire de l’Art, j’apprécie
énormément la trame de ce manga. Je le trouve intellectuellement enrichissant
et intéressant. Cependant, d’un point de vue d’une amatrice de yaoi, je suis
choquée par sa nullité.
Je suis méchante je
sais, mais malheureusement tellement réaliste. J’aime Toko Kawai, j’adore ce
qu’elle écrit. Elle est inventive, amusante, passionnée, tout cela se ressent
dans ses œuvres. Je l’ai acheté sans hésitation et à l’aveuglette en me disant
« Oh une série ! Et du Toko Kawai en plus! ». Eh bien… je
suis atrocement déçue.
Sérieusement… TAIFU COMICS UN PEU DE PROFESSIONALISME METTEZ CE MANGA
DANS UNE AUTRE CATEGORIE !!
Pour conclure tout
ceci : comme vous l’avez bien compris, Toko Kawai est une auteur de génie.
Cependant, si vous voulez lire un bon yaoi, NE LE LISEZ PAS ! Si vous
souhaitez néanmoins le feuilleter par curiosité et sans aucune attente
particulière, je vous le conseille rien que pour l’ambiance et le dessin si
propre à l’auteur.